Serge Friedli – artiste peintre

« Je ne peins pas ce que je vois, je peins ce que je ressens. » – Claude Monet

Avant la trentaine, Serge Friedli contemplait les toiles des autres sans imaginer un jour peindre les siennes. Enseignant de formation, il trouvait dans l’art un langage parallèle, plus instinctif, plus sincère. Le déclic vient d’un livre sur l’aquarelle, puis de deux années d’apprentissage en solitaire avant l’Académie de Meuron à Neuchâtel et la rencontre décisive avec Domenico Sorrenti, dont l’atelier deviendra un ancrage créatif.

Chez Friedli, tout commence par une image. Il collectionne photographies et objets, fragments d’instants qu’il classe et revisite jusqu’à ce qu’un détail suscite une résonance intime. Ce n’est pas le sujet qui l’attire, mais l’émotion enfouie derrière lui. Peindre devient alors une manière de retrouver un état intérieur, un souvenir sensoriel plus qu’une vision.

Avant de poser la couleur, il cherche le mouvement au crayon, esquisse la respiration du futur tableau, puis avance par touches, par pauses et reprises. Il travaille deux œuvres en parallèle, alternant observation et impulsion. La lenteur du processus fait partie du dialogue : chaque couche, chaque transparence, chaque silence compte. Le tableau se transforme, s’éloigne du figuratif, jusqu’à devenir une sorte de paysage mental.

La couleur tient chez lui un rôle essentiel. Sa palette réduite — dominée par les rouges, les bleus et les jaunes chauds — traduit sa recherche d’harmonie et d’équilibre. Jamais de noir : il préfère modeler les ombres par les contrastes et les superpositions.

Peindre, pour Serge Friedli, n’est pas reproduire mais traduire. Chaque toile est une tentative de dire autrement, de mettre en forme ce qu’il ne peut exprimer par la parole. Lorsque rien ne manque, lorsque le tableau semble respirer seul, il sait que l’œuvre est enfin achevée.