Alain-Marie Tremblay, l’alchimiste du bétonique

« On peut tout faire avec l’argile à partir de zéro. »
Au bord de la rivière Saguenay, un enfant de dix ans s’amuse à modeler la terre. Son père lui révèle qu’il s’agit de céramique et l’entraîne dans les ateliers d’artisans. Le sort en est jeté : Alain-Marie Tremblay poursuivra ce dialogue intime avec l’argile. Après un premier cours de céramique, il devient tourneur à Montréal, se forme auprès de grands potiers, puis s’envole pour Paris. Quatre années de peinture, d’expositions et de voyages plus tard, il revient au Québec, bâtit sa maison, son atelier et même ses fours.
Chercheur autant qu’artiste, il expérimente sans relâche. De ses essais naît un matériau inédit : le bétonique, alliance d’argile et de ciment réfractaire, capable de résister aux rigueurs de l’hiver. Cette invention lui ouvre les portes des concours et des projets publics subventionnés par la loi du 1 %. Murales, portails, sculptures monumentales : ses créations marient l’imaginaire des civilisations enfouies à des visions d’avenir.
Chaque pièce raconte une histoire. Tremblay s’inspire de ses voyages, des couleurs croisées, des récits du Grand Nord où les Inuits façonnaient la glace comme une arme. Ses blocs deviennent autoportants, liés par des centaines d’éléments que la cuisson, l’émaillage et la recuisson transforment en surfaces vitrifiées, presque cristallines.

En fin de parcours, il réalise son rêve le plus intime : un « Eden du potier », jardin de sculptures à Val-David. Fleurs minérales, paysages oniriques et stèles de bétonique y dressent un paradis à ciel ouvert, où l’art résiste aux hivers et invite le visiteur à rêver. Entre céramique, peinture et architecture, Tremblay a bâti un univers où la matière devient mémoire et promesse.
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